Les trois grands poètes de l'ère, Charles Baudelaire, Paul Verlaine et Artur Rimbaud, étaient tous trois des buveurs
d'absinthe assidus, bien que les références directes à l'absinthe restent rare dans leurs poèmes. Par contre, le maître
du vers populaire, Raoul Ponchon, dédia plusieurs poèmes à la Fée verte.
De loin le plus prolifique des poètes influencés par l'absinthe,
Raoul Ponchon (1848-1937) était un employé de banque
avant de renoncer à son emploi à la mort de son père en
1871. Il s'installa à l'age de 23 ans dans une mansarde après
avoir griffonné "Peintre et poète lyrique" sur la porte. Il
prenait alors son petit déjeuner dans le "Café de Cluny", et
retournait pour l'Heure verte à 5 heures de l'après-midi. Le
reste du jour, il menait une vie publique dans une série de
cafés. Ponchon était énormément productif, et écrivit en tout
plus de 150 000 vers, dont 7 000 traitant du boire et du
manger.

Ses poèmes étaient accessibles, souvent terre-à-terre, et
lardés de l'argot du jour. Leur publication dans les revues
comme le "Courrier français", auquel il contribua pendant 21
ans, faisaient de lui le suprême "poète-journaliste".

Ce fragile numéro de "Les hommes d'aujourd'hui" contient une
caricature de Ponchon comme une fleur coupée ayant un
verre d'absinthe comme vase, par Frédéric Auguste Cazals
(1865-1941), imprimée en noir et coloriée au pochoir. Le
tribut à Ponchon à l'intérieur fait trois pages, citant son
poème "Five o'clock Absinthe" en entier, est écrit par son ami
Paul Verlaine :

Car Raoul Ponchon est un poète très original, un écrivain
absolument soi, descendant, c'est clair, d'une tradition, ainsi
que tous, du reste, mais d'une tradition «de la première»
française en diable, avec tout le diable au corps et tout
l'esprit du diable, d'un bon diable tendre aux pauvres diable
et diablement spirituel, coloré, musical, joli comme tout, fin
comme l'ambre, léger, tel Ariel, et amusant, tel Puck, bon
rimeur (j'ai mes idées sur la Rime et quand je dis «bon
rimeur» je m'entends à merveille et c'est de ma part le
suprême éloge), excellent versificateur aussi (je m'entends
encore), un écrivain, enfin, tout saveur, un poète tout
sympathie !

Ponchon était un ami et partisan de Verlaine aussi bien que
de Rimbaud; il fut une des premières de douze personnes
possédant une copie du premier livre de Rimbaud pendant la
vie de ce dernier.
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en français de l'article de Verlaine en format PDF.
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"Five o'clock absinthe" en français et en anglais.
Une lithographie en pleine page évoquant
le "Sonnet de l'absinthe" de Raoul Ponchon, dans un numéro du
"Courrier français" de 1886.

Cette première publication a comme premier vers "Absinthe, ô ma
liqueur alerte", que Raoul Ponchon changerait plus tard en
"Absinthe, je t'adore, certes!"

Les poèmes de Ponchon apparurent régulièrement dans le
"Courrier français" de 1886 à 1907.
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Le remarquable humoriste français Alphonse Allais vit le jour
à Honfleur en 1854. Il commença des études de pharmacien à Paris
mais, séduit par le train de vie bohémien, devint vite un écrivain et
habitué des cafés. A l'heure verte, Allais se retrouverait penché au
dessus de son absinthe à raconter des histoires drôles à ses
compagnons. Une fois l'histoire affûtée à sa satisfaction, il reviendrait au
café seul pour la transcrire pour la soumettre à un des nombreux
journaux auquel il contribuait.

Une des premières oeuvres, publiée dans le "Chat noir" en 1885, est
peut-être une des premier exemples de l'écriture en
"courant de conscience". Appelée "Absinthes", elle conte les pensées
d'un écrivain se débrouillant tant bien que mal qui est assis sur une
terrasse en parlant des refus essuyés: "Très bien, votre
feuilleton...sujet intéressant... bien écrit, mais pas dans l'esprit du
journal". Il guette le sucre de son absinthe qui fond, et
après sa première absinthe note que les boulevards semblent
s'animer et que les femmes semblent plus jolies que toute
à l'heure. Il voit passer les camelots, prend encore une absinthe,
languit en pensant au femmes, regarde les gens autour de lui, et
pense qu'il y a un livre à écrire sur le sujet, "unique...inoubliable... un
livre qu'ils seraient bien forcés d'acheter... tous". Inspiré par la pensée,
il commande encore une absinthe, cette fois pure, sans eau. L'oeuvre se
termine ici, et le lecteur se doute bien que l'écrivain ne réussira jamais
à écrire un grand roman ou à trouver l'âme soeur.
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français de l'article de Alphonse Allais en format PDF.
Une trouvaille remarquable : le brouillon manuscrit d'un poème de 16
lignes apparement non publié "Adversus Absynthium" par Antoni
Deschamps, écrit à Fontainebleau en Aout 1847 et dédié à Alfred Tattet.
C'est le plus ancien travail littéraire inspiré par l'absinthe connu à ce jour.

Antoni Deschamps est né à Paris le 12 Mars 1800 et est mort à Passy le 29
Octobre 1869. Tout comme ses frères ainés, le plus connu étant Emile
Deschamps (1791-1871), il était un ardent romanticiste, mais sa création
était limitée par des troubles nerveux, qui ont laissés des traces dans ses
travaux essentiellement mélancoliques. Il a traduit la Divina Commedia en
1829, et ses poèmes, Dernières Paroles et Resignation, ont été réédités en
même temps que ceux de ses frères en 1841.

Merci à Luc-Santiago Rodriguez pour la transcription :
à Alfred Tattet

Adversus Absynthium  
(A l'encontre de l'absinthe)

Absynthe, monstre né jadis pour notre perte
De l’Afrique à Paris traînant ta robe verte
Comment donc as-tu pu sous le soleil oser
Souiller ses lèvres d’or de ton âcre baiser
Vile prostituée en tes temples assise
Tu te vends à l’esprit ainsi qu'à la sottise
Et ne fais nul souci aux adieux, laurier
Qui couvre le Poëte ainsi que le guerrier
Hélas ! n’avait-il pas assez de l’amertume
A laquelle en vivant tout grand cœur s’accoutume
Aussi que l’eau du ciel ......
Qu’il ne reste plus rien de ton amer poison
O monstre sois maudit, je te jette à la face
Les imprécations de Tibulle et d’Horace
Et contre toi j’évoque en mon sein irrité
La langue que parlait la belle antiquité.

Antoni Deschamps
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